Le matériel indispensable au bon fonctionnement d’un site

10/04/2020 | Collectivités Compostage en établissement Compostage partagé Gestion de proximité Matériel
rccra_chalet-sybert-331Les référents de sites œuvrent bénévolement pour gérer les biodéchets de la collectivité. Il convient de leur faciliter la tâche en mettant à leur disposition tout le matériel nécessaire pour que le processus de compostage se déroule du mieux possible.

Il s’agit ici de lister ce matériel en ne s’arrêtant pas aux seuls bacs à compost mis à disposition par la collectivité.

Des composteurs pratiques et pérennes
Avant de commencer, petit plaidoyer en faveur d’une matière noble, esthétique et écologique : le bois.

Pour de nombreuses raisons le bois sera à privilégier.
Tout d’abord d’un point de vue purement technique : dans des bacs en bois la matière sera mieux oxygénée, la vie des micro organismes aérobies (vivant grâce à l’oxygène) sera donc favorisée, et le processus de compostage se déroulera dans de meilleures conditions. La décomposition anaérobie des biodéchets (par des bactéries vivant sans oxygène) provoque le dégagement, entre autres, de gaz à effet de serre (GES), tels que l’ammoniac (NH3), le dioxyde de soufre (SO2) et le méthane (CH4), molécules provoquant des mauvaises odeurs.
Les drosophiles ou mouches à vinaigres, ces petits moucherons qui pondent à la surface des bacs sur des déchets frais, apprécient particulièrement un air chaud et humide. Dans des bacs en plastique ces conditions sont réunies, alors que les bacs en bois tempèrent mieux le climat intérieur (moins chaud et plus aéré).
Dans les bacs en bois le développement des odeurs est donc ralenti, et la présence des moucherons est réduite.
D’autre part, d’un point de vue plus pratique, les opérations réalisées par les référents seront facilitées avec des bacs en bois : les parois avant des bacs en bois seront plus facilement amovibles, alors que la forme souvent pyramidale des bacs en plastique complique les opérations réalisées par les référents de site. De plus l’intérieur des parois des bacs en bois est lisse, contrairement à celles des bacs en plastique qui présentent des anfractuosités dans lesquelles les dents de la fourche se coincent.
L’installation d’un dispositif anti-rongeurs est aussi facilité sur du bois.
Les réparations éventuelles sur des bacs en bois sont facilement réalisables par les référents eux-mêmes, ce qui accroît l’autonomie des sites et prolonge la durée de vie des bacs. Pour les bacs en plastique, la réparation n’est pas possible : il faudra changer la pièce entière.
Aux avantages du bois cités ci-dessus s’ajoute la possibilité de faire travailler les entreprises de l’Économie Sociale et Solidaire locales pour la fabrication de composteurs, avec un cahier des charges précis et réfléchi en amont, comme de nombreuses collectivités le font déjà (Grand Chambéry, Valtom)
Certes en été, la chaleur et la sécheresse viendront assécher la matière plus rapidement dans des bacs en bois, mais le brassage des référents équilibrera le processus et le rapport bénéfices/inconvénients reste malgré cela en faveur du bois.

Site de compostage partagé en pied d’immeuble (1 à 3 T / an, 50 à 150 foyers, en moyenne)


Minimum 3 bacs (réserve de matière sèche, apports, maturation), auxquels peuvent être ajoutés d’autres bacs pour la maturation ou andain de maturation (à privilégier pour plus de praticité lors des opérations de transfert). Pour un site à fort potentiel de participation on peut remplacer l’andain par un couloir de maturation. Avec des dimensions plus conséquentes, il offrira une meilleure ergonomie du travail des référents et permettra une plus grosse capacité pour le stockage et la maturation du compost à distribuer (voir Zoom).

La qualité des bacs ne doit pas être négligée. L’usage quotidien intensif implique une différenciation entre le matériel mis à disposition pour les particuliers et celui utilisé pour l’installation de sites de compostage partagé:
Les couvercles doivent être résistants et prévus pour un usage régulier, pratiques à ouvrir et pas trop lourds. Une chaînette devra retenir la partie avant du couvercle afin de limiter les efforts du dos pour le retenir à l’ouverture.

Les parois des bacs seront soumises à rude épreuve, avec une matière lourde et apportée en quantité sur une durée réduite. Les parties avant des bacs doivent être amovibles (en deux parties) afin de faciliter les opérations de brassage et de transfert accomplies par les référents et les visites de suivi du site réalisées par les maîtres composteurs. Les systèmes de fixation des parois devront être solides pour que les bacs « n’éclatent » pas sous le poids de la matière.
La hauteur des bacs ne doit pas être trop haute (0.8 à 1.20 m) afin de faciliter les apports de biodéchets par les usagers ainsi que les opérations réalisées par les référents et les maîtres composteurs.

Afin d’éviter que les bacs ne se déforment avec le temps on veillera à installer le site de compostage sur un terrain parfaitement plat, et à installer sous les 4 pieds de chaque bac des carrés de carrelage (de récup...) par exemple, pour éviter l’enfoncement des pieds dans la terre et le pourrissement du bois (pour plus d’infos sur l’emplacement, n’hésitez pas à consulter la fiche du RCC : http://reseaucompost.org/wordpress/wp-content/uploads/2019/01/fiche-10-compressed.pdf

Le choix d’un matériel adapté et pérenne sera rentabilisé dans le temps par des opérations de maintenance moins fréquentes (réparation ou remplacement des bacs) et des équipes de référents moins soumis à essoufflement (donc moins d’opérations de redynamisation des équipes bénévoles).

Site de compostage de quartier (1 à 20 T / an, à partir de 200 foyers participants)

Pavillon ou chalet de compostage
Pour le traitement des volumes importants de biodéchets le site de compostage partagé « classique » avec ses 3 ou 4 bacs est vite saturé. Pour éviter l’essoufflement des bénévoles et permettre à la matière de maturer avant la distribution du compost il existe des solutions plus adaptées comme le chalet ou le pavillon de compostage, installé sur une surface d’environ 50m².
En général la configuration est la suivante (pour 200 foyers participants) :
2 bacs d’apports (1 500 à 2 000 L)
2 bacs de maturation (2 000 à 2 500 L)
1 bac réserve de matière sèche (2 400 L)

Petit matériel de gestion
En plus des bacs à compost, il est fortement recommandé aux collectivités ayant en charge le traitement des déchets de fournir les outils garantissant le bon déroulement du processus de compostage. Nous distinguerons ici les outils mis à disposition des utilisateurs du site et ceux pour les différentes opérations réalisées par les référents de site.

Matériel mis à disposition des utilisateurs du site de compostage partagé :

Griffe
Pour permettre l’étalement et le mélange des matières (frais et sec) à chaque dépôt et ainsi éviter les nuisances (odeurs, moucherons…) il est pertinent de laisser à la disposition des utilisateurs une griffe qui sera fixée au bac d’apport lors du montage des bacs à l’aide d’une chaînette pour éviter sa disparition.

Pelle à broyat
La pelle à broyat sera elle aussi fixée à l’aide d’une chaînette, au bac de réserve de matière sèche pour permettre aux utilisateurs de répartir le broyat sur leur dépôt. Elle peut être remplacée par une casserole de récup’ ou un bidon de lessive coupé dans la largeur par exemple.

Matériel mis à disposition des référents de site :
Ne perdons pas de vue que les référents de sites s’occupent bénévolement d’un gisement de déchets qui, s’ils ne le faisaient pas, partirait dans le flux des Ordures Ménagères Résiduelles à traiter par la collectivité… Soyons donc attentif à ne pas leur imposer l’achat du matériel nécessaire à la bonne gestion de leur site de compostage.

Fourche
La fourche permettra aux référents de réaliser les brassages hebdomadaires et les transferts. Il peut être pertinent de leur fournir plusieurs fourches si le site de compostage dessert de nombreux logements.

Brasse compost
Brass’compost
Cet outil en forme de tire-bouchon permettra d’aérer la matière en faisant tourner la vis pour l’enfoncer, puis en le tirant vers le haut pour faire remonter la matière du fond sur le dessus. Le brassage est ainsi réalisé plus facilement qu’avec une fourche. Cet outil qui facilite mais allonge les opérations de brassage n’est pas indispensable mais certaines personnes l'apprécient particulièrement.


Pelle
La pelle sera très utile pour les opérations de transfert et de distribution du compost (avec ou sans tamisage)

Bâche
Une bâche permettra de réaliser les opérations sans salir le sol devant les bacs, mais aussi de déplacer la matière au sol pour la transvaser dans un andain ou par exemple vers une brouette pour l’utilisation du compost au jardin.

Bioseaux avec autocollant rappelant les consignes de tri et flyer de consignes de tri

Remettre un stock de bioseaux accompagnés des flyers de consignes aux référents de site leur permettra de communiquer régulièrement avec leurs voisins et de transmettre les informations aux nouveaux arrivants. La remise du bioseau permet le premier contact avec les trieurs, la communication des consignes de tri et l’échange des coordonnées.

Approvisionnement en structurant

Cela permettra au processus de compostage de bien se dérouler, sans nuisances.
La recherche d’une source de structurant peut être difficile pour les référents, selon la configuration du site. C’est un point clé à prévoir lors de l’installation d’un site. On pourra privilégier les sources autonomes et proposer une solution lorsque cela n’est pas possible sur un site.
Quelles solutions qui fonctionnent : la livraison par la collectivité, la mise à disposition sur une plate-forme de broyage, la mise en contact avec les services espaces verts, avec des paysagistes intervenant à proximité. N’oubliez pas de visiter la plateforme mise en place par Trièves compostage et environnement : https://www.compostage-et-broyat.fr/

Signalétique
La signalétique doit permettre de transmettre les consignes et le « mode d’emploi » du site de compostage partagé à toute personne n’ayant pas reçu ces informations au préalable (inauguration ou rencontre avec les référents).
Elle se compose d’un panneau explicatif rigide installé à côté ou derrière les composteurs, accompagné de panonceaux fixés sur les composteurs (matière résistante aux intempéries), et d’affiches modifiables ou facilement remplaçables grâce par exemple à un encart plastifié disposé sur le panneau explicatif (permettant de transmettre une information ponctuelle).

Les informations transmises par ces panneaux :
- La liste des biodéchets acceptés et les déchets interdits pour limiter les erreurs de tri
- La recommandation sur la taille des biodéchets (ils se dégradent plus facilement et plus rapidement s’ils sont coupés),
- Le fonctionnement du site avec :
- Les consignes pour les apports faits par les utilisateurs du site : Vider le bioseau en étalant les biodéchets sur toute la surface du composteur d’apport, utiliser la griffe pour mélanger en surface, recouvrir avec du structurant.
- Les actions réalisées par les référents et/ou la collectivité, éventuellement datées (pour montrer que le site est suivi, actif).
- Les dates des prochains événements
- Les données de suivi (température, humidité, quantités détournées sur une année, nombre de participants, …)
- Les éventuels besoins en nouveaux référents
- ...
- Les coordonnées des référents et/ou de la collectivité (Nom, N° de téléphone, mail, disponibilité...), ce qui permettra d’informer les utilisateurs de la gestion du site par des personnes identifiées et formées qu’ils pourront contacter pour obtenir ou transmettre des informations.
- La fonction des différents matériels mis à disposition sur le site (bac d’apport, bac de maturation, bac de structurant, griffe, pelle, …)
- Des informations sur les usages du compost (intérêt agronomique, points de vigilance, modalités d'utilisation, quantités recommandées),
- Éventuellement des messages sur les enjeux du compostage, le gaspillage alimentaire, …
Vous trouverez des modèles d’affiches pour sites de compostage sur la page internet du RCCAURA à télécharger:
https://compostcitoyen-auvergne-rhonealpes.org/compostage/outils

Article rédigé par Elisa Douchet, Compost'Action

Elisa